Devis de restauration de l'Erard Carré 1808 et explications
DEVIS de RESTAURATION ERARD CARRÉ 1806
De Christopher Clarke
Restauration estimée à 250 heures,
Étalées sur 6 mois
•Relevé (1) et dépose des cordes (qui sont des remplacements anciens)
•Nettoyage et menues réparations de la table d’harmonie (2)
•Vérification de l’état du chevalet (3) et du sillet (4). Réparations si besoin.
•Flipotage (5) des fentes dans le fond du piano. Vérification de la structure (6) et réparations si besoin.
•Re-cordage avec cordes ‘Nuremberg’ de Birkett et du laiton Vogel. Fabrication des cordes filées.
Pinçages et accords.
•Démontage, nettoyage et vérification de la mécanique (7). Remplacement des charnières des marteaux (8).
Menues réparations et re-garnitures (9) (à déterminer, au besoin).
Reprise des mortaises des touches (10) afin d’en éliminer le jeu. Redressement des touches tordues. Remise à niveau des touches.
Mise en place de toutes les éléments de la mécanique, réglage, harmonisation (11).
Re-garnissage au besoin des étouffoirs (12), vérification des charnières, remplacement des ressorts cassés ou manquants.
Réglage des étouffoirs.
•Fabrication d’une fausse-table (13) sur modèles contemporains des pianos Érard.
•Réparations à l’ébénisterie de la caisse (blocs de pied remplacé ou vermoulu, plinthe endommagée,
couvercle mal réparé: raccords de placage et de vernis).
•Nettoyage, vérification et réparations au besoin du système de genouillères (14).
•Nettoyage, vérification et réparations des éléments des jeux (15) (forte, basson, céleste et luth).
Réglages.
Ce piano carré Erard 1806 en bon état est extrêmement rare.
Il possède un système de jeux actionné non pas par les habituelles pédales, de caractéristique française mais par des genouillères se rattachant plus aux caractéristiques viennoises.
Ce piano carré 1806 sera un outil formidable pour redécouvrir le vaste répertoire pianistique du 1er Empire encore en grande partie méconnu. La multiplicité des registres sonores de l'instrument permettra notamment de remettre à jour le goût pour le pittoresque et les expérimentations de timbre et couleur propres aux œuvres des grand pianistes "parisiens", français et non, de l'époque, tel que Dussek, Steibelt, Louis Adam, Hélène de Montgeroult, Hyacinthe Jadin, etc.
L’instrument a été acheté par M. Méreau pour Mme Fourcade à Paris le 18 juin 1806. L’instrument a appartenu à Madame Jeanne Hatto (1879-1958), cantatrice dans la première moitié du XXe siècle, puis à la famille Merlin.
Il est acquis par La Nouvelle Athènes, Centre des pianos romantiques en mars 2018, pour le faire restaurer par Christopher Clarke et être joué par les pianistes de l'association.
Caractéristiques techniques
Daté 1805 sur la table d’harmonie, 1806 sur le guichet
Étendue : FF-c4, fa à do, 69 notes
Mécanique à double pilotes
4 genouillères : luth, forte, céleste (FF-d3), basson (FF-c1)
Bi-cordes : 9 chœurs filés laiton, 16 chœurs laiton, 44 chœurs fer
Jauges marquées sur la table d’harmonie au niveau des chevilles
Longueur : 1615 mm (sans moulures de bas de caisse)
Largeur : 592 mm (sans moulures de bas de caisse)
Hauteur de caisse : 235 mm (sans couvercle)
Largeur du clavier : 921 mm
Largeur 3 octaves : 484 mm (fa à fa) ; 483 mm (do à do)
Longueur corde FF : 1474 mm
LEXIQUE TECHNIQUE

Coupe d’une mécanique dite à double pilote qui équipe le Carré Erard 1806
1 - Le relevé de cordes consiste à noter individuellement, avant démontage, la longueur vibrante, le diamètre et la matière de chaque corde
2 - Table d’harmonie : assemblage de minces planches d’épicéa servant de membrane résonatrice des cordes
3 - Chevalet : Pièce de bois dur qui supporte la pression des cordes et transmet la vibration à la table d’harmonie
4 - Sillet : Pièce de bois (ou de métal sur les instruments modernes) limitant le diapasonnement des cordes du côté des chevilles.
5 - Flipottage : Réparer les fentes de la table d’harmonie en y insérant des flipots ajustés à la taille de l’ouverture des fentes. Les flipots sont de section triangulaire et de la même essence que celle de la table d’harmonie. Il doit être parfaitement jointif sur la totalité du contact avec la table d’harmonie et doit la traverser de part en part.

6 - Structure harmonique : ensemble des pièces fixes qui sont la source sonore : table, chevalet, barrage (et cadre pour les pianos modernes)
7 - Mécanique : Ensemble des pièces fixes ou mobiles d’un instrument à clavier, faisant la liaison entre le clavier et les cordes et permettant, sur le pianoforte et ses descendants d’effectuer des nuances piano & forte
8 - Charnières des marteaux : pièces de parchemin permettant l’articulation du marteau. Elle est remplacée sur les pianos modernes par un pivot métallique dans une garniture de feutre.
9 - Re-garnissage : remplacement des pièces de feutre ou de bois, ajoutées aux pièces principales et vouées à supporter l’usure causée par les frottements
10 - Mortaises de touches : deux perforations de la touche, l’une au niveau de l’enfoncement servant de guide à la descente et la remontée, l’autre au milieu de la touche pour définir et permettre le mouvement de balancier.
La largeur de la perforation est définie par la possibilité de la pointe ou coulisser sans jeu latéral
11 - Réglage / Harmonisation : Travaux de finition sur la mécanique et les marteaux ayant pour but l’homogénéisation, la cohérence et la précision du toucher et du son. Les qualités sonores de l’instrument sont définies par le choix du matériau de revêtement des têtes de marteaux, de sa tension et du travail d’harmonisation, par différents piquages subtils, dont il bénéficie.
12 - Étouffoirs : pièce de la mécanique comportant un feutre mou, destiné à stopper le son dès que la touche est relâchée.
13 - Fausse-table (à reconstruire sur cet instrument) : couvercle en bois de résonnance qui couvre une partie de l’instrument. Il a la double fonction de créer une sorte de résonnance tout en tamisant les harmoniques hautes, et de garder une couche d’air tempéré dans l’instrument, notamment lors des concerts éclairés par des lumières produisant de la chaleur.
14 - Genouillères : Leviers placés sous le clavier faisant office de pédales, et actionnées par le mouvement des genoux du musicien. Le système de genouillères est un spécifique à cet instrument et un cas isolé. Les autres carrés Erard sont dotés de pédales.
15 - Jeux
- de forte : tous les étouffoirs se lèvent laissant ainsi l’entière résonnance de l’ensemble des cordes du piano. Deux pressions peuvent être exercées, la première lève les étouffoirs aigus et en pressant davantage, l’ensemble des étouffoirs se lève.
- de basson, un rouleau de papier recouvert avec de la soie qui frétille quand il est mis en contact avec les cordes graves. Sert pour le staccato.
- de céleste : intercale une languette de peu entre le marteau et les cordes
- de luth : mène une bande de peau en contact avec le bout des cordes. Assèche la sonorité. Il est en général utilisé en même temps que la pédale Forte.